Le jeune latéral droit de l’Union sportive de Douala, Yves Enzo Borgne, est une étoile montante du football camerounais. À seulement 17 ans, il s’est déjà imposé comme un élément clé de son équipe et attire l’attention de nombreux observateurs. Découvert lors d’un test de recrutement à l’âge de 10 ans, Yves Enzo Borgne a rapidement gravi les échelons au sein de l’académie de l’Union de Douala. Inspiré par Achraf Hakimi, il s’est spécialisé au poste d’arrière droit, un rôle qu’il occupe avec brio grâce à sa technique, son endurance et son intelligence de jeu.
Le jeune talent camerounais s’est confié au micro d’Ulrich Tchomo sur ses débuts, ses objectifs et sur la crise actuelle que connait son club, l’Union sportive de Douala.
– Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Ton poste, tes qualités sur le terrain.
Je suis Yves Enzo Borgne, sociétaire de l’Union sportive de Douala. J’évolue au poste d’arrière droit. Sur le terrain, j’ai une bonne qualité technique, je suis endurant et j’ai aussi une bonne intelligence et vision de jeu.
– À quel âge as-tu commencé à jouer au football ? Qu’est -ce qui t’a donné l’envie de devenir professionnel ?
J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de 7 ans au quartier avec les amis d’enfance, et c’est à l’âge de 10 ans que j’ai intégré l’académie de l’Union sportive de Douala après avoir réussi à un test de recrutement. C’est à travers un grand frère qui jouait au football que j’ai eu l’envie de devenir professionnel. J’allais tout le temps au stade avec lui et je voyais ses matchs. Puis, à force de le voir jouer, c’est comme ça que j’ai commencé à aimer le football.
– Quel est le joueur qui t’inspire le plus? Pourquoi ?
Le joueur qui m’inspire le plus, c’est le Marocain Achraf Hakimi. Je vois beaucoup ses vidéos et ses matchs. C’est un joueur très intelligent et assez technique pour moi. Il apporte aussi beaucoup offensivement à son équipe et il est aussi capable de marquer et de délivrer des passes décisives.
– Quels sont tes objectifs à court et à long terme dans ta carrière ?
Personnellement, je me suis fixé comme objectif de jouer en tant que professionnel en Europe. Mon club actuel, l’Union de Douala, a décidé de m’accompagner dans cet objectif et depuis, je n’arrête pas de me battre pour cela.
– En parlant de ton club, l’Union sportive de Douala, pourquoi as-tu choisi de rester de ce côté-là, car nous savons que tu as certainement eu de nombreuses propositions durant le mercato ?
Oui, j’ai reçu de nombreuses demandes après ma période de formation, mais j’ai décidé de rester à l’union parce que je me suis dit que quitter l’union pour un autre club ne serait pas à mon avantage. Je me suis dit que si je devais quitter l’Union, c’était pour signer directement en Europe.
– En début de saison, nous avons vu ton coéquipier Mbeleck être nommé capitaine du club, mais lors de votre dernier match face à la Colombe, tu as été désigné capitaine. Comment en est-on arrivé là ?
Est-ce dorénavant toi le capitaine de l’Union ? Si oui, ce ne serait pas une pression supplémentaire pour toi?
Il y a eu un petit souci au club. Déjà, je tiens à rappeler que ce n’est pas moi le capitaine, Mbeleck reste capitaine de l’Union de Douala. Il y a eu quelques événements au club qui ont fait en sorte qu’on me confie le brassard ce jour-là et je ne m’y attendais pas. On était à la réunion technique avant-match, et c’est là que le coach m’a désigné capitaine pour cette rencontre uniquement.
– Comment gères-tu la pression d’être un jeune joueur prometteur ?
Je peux vous rassurer que je n’ai aucune pression, car je savais que ce qui se passe aujourd’hui devait arriver. J’ai travaillé durement pour cela.
– L’Union a enchaîné 3 défaites consécutives en championnat. Quel est l’état d’esprit du groupe actuellement après ces résultats négatifs ?
Nous avons pris un coup sur la tête, c’est vrai, mais nous avons vu des équipes enchaîner 4 défaites et terminer champions par la suite. Ces 3 défaites consécutives ne signifient pas que tout est terminé pour nous, et je pense que nous avons encore notre mot à dire dans ce championnat. L’état d’esprit du groupe est bon, tout se passe bien à l’entraînement et on prépare sereinement le prochain match, et je pense que nous allons le remporter et continuer à enchaîner les victoires.
– Quels sont les objectifs de ton club pour cette saison ? Le titre ou le maintien ?
En début de saison, nous nous sommes fixé l’objectif de jouer le titre cette année.
– Revenons sur toi, quelles sont tes principales qualités en tant que joueur ?
Vous savez, le football se joue d’abord dans la tête, et ma première qualité, c’est l’intelligence de jeu, mon endurance et ma qualité technique. Je suis aussi bon à la dernière passe.
– Sur quels aspects de ton jeu souhaites-tu t’améliorer ?
Je travaille pour améliorer mon jeu sur l’aspect offensif. De nos jours, les latéraux doivent être capables de se retrouver dans la surface adverse pour soit marquer , soit donner les passes décisives. C’est sur ces aspects-là que je suis en train de travailler pour m’améliorer.
– Pourquoi préfères-tu jouer au poste de latéral droit ? Peux-tu jouer à un autre poste ? Lequel?
Au départ, à l’académie de l’Union, je jouais au poste de défenseur central et c’est un poste où je m’en sortais le mieux. Après, dans une compétition à laquelle nous avons participé, le latéral droit n’était pas disponible, et c’est comme ça que le coach m’a demandé de jouer à ce poste, et depuis ce jour, il a décidé de me laisser là. Je peux aussi jouer devant la défense au milieu, je peux jouer latéral gauche et aussi milieu de couloir gauche.
– Que penses-tu de ton coach Annicet Mbarga Foe? Te sens-tu à l’aise dans son style de jeu ?
Coach Annicet Mbarga Foe, c’est celui qu’il fallait à l’Union. C’est quelqu’un qui a fait monter plusieurs équipes en première division. En 2012, il était même champion avec l’union, je crois. Je pense qu’avec lui, nous aurons notre mot à dire cette saison. Dans son style de jeu (3-5-2), je me sens très à l’aise.
– Dis nous comment tu organises tes journées entre les entraînements et les matchs?
Je passe plutôt bien mes journées. Je me lève à 7 h le matin et, à côté de mon lit, je fais des pompes et des abdos, puis, à 8 h, je me mets en route pour les entraînements. On commence à 9 h et on finit à 11 h, puis je rentre, je me douche, je mange et je me repose avec une sieste. Je me réveille vers 18 h, je visionne un peu, aux environ de 21 h 30 et 22 h maxi, je me couche. C’est un peu dans cette routine que je passe mes journées.
– Ta famille et tes amis te soutiennent-ils dans ta carrière ?
Au départ, non. Ça n’a pas été facile, car ma famille ne voulait pas que je joue au football. Ils souhaitaient que je sois plutôt docteur. J’ai seulement été têtu pour continuer dans ce chemin. Mes parents m’ont tellement tapé et brûlé mes équipements pour que j’arrête. Même mes essais à l’académie, je les ai faits en cachette. Le coach Georges Ngouabe , à l’académie, m’a beaucoup aidé en payant mon transport pour les entraînements, car je ne pouvais pas le demander à mes parents puisque j’y allais à leur insu. C’est la saison dernière, où j’ai été promu en équipe première, que mes parents et ma famille ont commencé à me soutenir après avoir vu les informations sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, tous me soutiennent et sont contents de moi.
– En dehors du football, quelles sont tes autres passions ?
Sans vouloir vous mentir, je n’ai pas de passion autre que le football. Ce n’est que le football dans ma tête.
– As-tu déjà connu des moments difficiles dans ta jeune carrière ? Si oui, comment as-tu rebondi ?
Oui, j’ai connu des moments difficiles la saison dernière lorsqu’on m’a surclassé en équipe première. Le staff qui était en place ne comptait pas sur moi, soit-disant que j’étais très jeune et très petit. Je ne finissais pas les entraînements et je ne disputais pas également les oppositions à deux camps à l’entraînement, même jusqu’aux matchs de préparation. J’avais tellement mal, mais je continuais à travailler en attendant ma chance. Heureusement, lors d’un match à Yaoundé, j’étais dans la liste en tant que second arrière droit et, le jour du match, le coach m’a envoyé à l’échauffement à moins de 10 minutes du terme de la rencontre et nous étions menés 2-1. J’entre à moins 6 minutes de la fin et je délivre une passe décisive, puis on termine la rencontre sur un match nul 2-2 . C’est après cette situation là que le coach a commencé à me faire jouer des bouts de match, et au fil du temps, j’ai fait mes preuves.
– Quel est ton meilleur souvenir sur un terrain de football jusqu’à présent ?
Mon meilleur souvenir dans ma jeune carrière, c’est lors du match face à l’Aigle royal de la Menoua la saison dernière. C’était mon premier match en tant que titulaire et ça se jouait au stade annexe de la réunification de Douala. Le stade était plein à craquer et le titulaire au poste était blessé. Le Président est venu me voir et m’a dit : « N’aie pas peur, joue comme tu connais. » Je souriais, car je savais ce que j’avais à faire sur le terrain. J’ai fait un match quasi parfait et depuis ce jour, l’administration a décidé de faire avec moi et de me faire confiance.
– Quel conseil peux-tu donner à un joueur plus jeune que toi qui rêve de devenir professionnel ?
Le conseil que je peux donner, c’est de toujours croire en soi et de ne jamais abandonner. Toujours travailler chaque jour comme si c’était le dernier.
– Peux-tu nous rassurer que vos conditions salariales sont respectées à l’union de Douala ?
C’est vrai, les salaires n’arrivent pas à temps, mais le président fait de son mieux pour nous mettre à l’abri. Il se bat pour nous et il n’y a pas trop de soucis avec ça.
– Pour terminer, qu’est-ce que nous pouvons te souhaiter de bien pour cette saison ?
J’ai 18 ans cette saison, et c’est à cet âge qu’on décroche les contrats professionnels. J’aimerais qu’on me souhaite de décrocher un contrat professionnel cette fin de saison. En juillet, j’aurai 18 ans et j’aimerais recevoir l’offre d’un club européen, c’est mon souhait.
Ulrich Tchomo
L’un des meilleurs de sa génération 👏
Effectivement !