Depuis avril 2024, les pensionnaires des championnats dits professionnels au Cameroun errent dans nos quartiers comme des mauvais esprits. Abandonnés à leur triste sort, ils attendent désespérément la reprise des compétitions, depuis sept mois. Et bientôt huit mois. La FECAFOOT qui les organise via le CTFP, au sortir de sa dernière assemblée générale tenue le 16 novembre dernier s’est contenté d’annoncer les dates du 8 et du 14 décembre pour les démarrages respectifs de l’Elite One et de l’Elite Two. Sans plus…
Il y avait plus urgent : « retirer l’agrément » au Syndicat national des footballeurs camerounais (SYNAFOC) de « l’ennemi » Njitap au profit de l’Association nationale des footballeur camerounais (ANFC) de l’épigone et âme damnée, Lucien Mettomo ou la promotion de certains thuriféraires à l’instar de Pierre Batamack, Pascal Abunde ou Augustin Bouadeu… au Comité exécutif.
Pour une trêve d’intersaison, il s’agit d’un record jamais atteint au pays des Lions indomptables et probablement nulle part ailleurs. C’est une honte en réalité pour le football camerounais qui jadis faisait office de parangon et de locomotive sur le continent. Il suffit simplement de le rappeler pour être tout de suite voué aux gémonies par une « église » qui a fait de la misologie le cœur de sa doctrine et de l’intolérance, son mot d’ordre cardinal. « Tout ce qu’Eto’o Fils fait est bon ». N’en déplaise aux hiboux jaloux, aigris, oisifs, haineux et chômeurs qui osent opposer la moindre critique.
Et avant même d’évoquer cette nouvelle saison, qu’a-t-on fait des arbitres qui continuent d’attendre des arriérés de paiement de leurs prestations des saisons antérieures, des clubs qui réclament impuissants, le paiement des subventions des précédents exercices et leur quote-part liée au sponsoring des championnats et des joueurs qui cumulent des tas de salaires impayés ? « Je peux vous garantir ici, qu’en tant que secrétaire général de l’Association des Clubs d’élite du Cameroun, j’ai fait un sondage auprès de tous les clubs d’élite du Cameroun et je peux vous rassurer qu’aucun club n’a reçu plus de 2 tranches de subvention la saison passée, il fallait même être chanceux pour avoir reçu 2 tranches...» Déclarait Norbert Nya Nkamendjo par ailleurs, président du club Fauve Azur de Yaoundé lors d’une récente sortie sur les antennes de la télévision nationale, la CRTV.
Ils ont peut-être intérêt à continuer à murmurer en arrière-plan. « Le propriétaire du football camerounais » ne tolère pas la moindre revendication. Il n’a pas besoin « d’appeler son comité exécutif » pour vous servir une radiation. Et c’est connu et accepté de tous, y compris de ceux qui, fiers connaisseurs des textes de la fédération, sont en mesure de situer les limites de son pouvoir.
Le constat de la décadence continue du « football professionnel » camerounais est sans équivoque. Les compétitions africaines qui pourraient constituer une porte de salut pour les clubs de notre championnat en raison de l’optimisation sans cesse croissante des retombées financières pour les équipes participantes, s’éloignent progressivement alors que l’instance faitière du football national et ceux qui la dirigent préfèrent consacrer leurs énergies à des querelles de bas étages et travailler à la gloire personnelle de leur président.
Si le football d’élite inquiète en raison de cette chute progressive, la situation du football amateur et du football jeunes s’avère davantage préoccupante. Il suffit d’interroger encore une fois les conditions d’organisation des championnats dans les régions, départements et arrondissements ces dernières années pour s’en convaincre. La saison dernière par exemple, le Littoral a dû se contenter d’un championnat de D2 marathon avec des matches en aller simple et dans des conditions improbables.
Le football jeune a presque disparu de la carte. Seules quelques initiatives privées permettent aux enfants des différentes catégories jeunes de mettre quelques rencontres dans les jambes sur l’année. Des tournois qui ne reçoivent pas toujours le soutien de la fédération, au contraire prompte à mettre les bâtons dans les roues des promoteurs, surtout s’ils ne reprennent pas les cantiques entonnés depuis la tour tourmentée et sans éclat de Tsinga.
Et si l’on ajoute à tout ce chapelet, les résultats catastrophiques des sélections intermédiaires absentes de tous les rendez-vous africains et internationaux, le tableau devient définitivement insoutenable. Le championnat féminin lui, respire encore grâce au sponsoring de Guinness Cameroon qui lui a permis de reprendre vie depuis quelques années.
Qu’on ne se fie pas aux discours de propagande, le football camerounais va mal, le football local est à l’agonie et c’est aussi la responsabilité de la presse sportive camerounaise de tirer la sonnette d’alarme. Sa complaisance assumée et/ou son silence complice seront aussi exhumés et questionnés ce grand jour où tous les esprits encore étouffés par le fanatisme et l’idolâtrie ambiants arracheront leur lucidité.