Quel est le sentiment qui vous anime au moment d’annoncer officiellement votre retraite?
Le sentiment qui m’anime au moment de prendre ma retraite, c’est un sentiment de fierté, du devoir accompli parce que pour un gamin qui rêvait d’être comme ceux qu’il regardait à la télévision ou sur les posters de sa chambre dans la maison de ma maman, être arrivé là où je suis, avoir gagné ce que j’ai gagné, avoir eu une telle longévité, je suis fier de ce que j’ai accompli. Maintenant, c’était juste une partie de ma vie, maintenant, les défis les plus riches arrivent je pense.
Arrêter à 36 ans, ça peut paraître tôt pour certains. Qu’est-ce qui vous motive à prendre votre retraite maintenant?
Qu’est ce qui m’a motivé à prendre ma retraite ? J’ai senti avec tout ce qui se passait autour de moi que c’était le moment d’arrêter. Autour d’un dîner avec mes deux filles, elles m’ont dit qu’elles ne voulaient plus que papa parte, ça m’a vraiment remis l’esprit en place, m’a permis de me dire: est-ce que je n’ai pas fait le tour. J’y pensais déjà un peu mais le fait que mes filles me le disent comme ça, ça m’a vraiment fait savoir qu’il fallait que je tourne la page, que je leur donne plus de temps plutôt que le fait d’être en Europe et de poursuivre ma carrière. Mais une fois encore, ce n’est pas juste ça. J’avais déjà pensé qu’il fallait que je passe à autre chose. 36 ans, c’est tôt, oui, j’ai encore la santé pour le faire mais pour vous dire, je ne voulais pas être esclave du foot, je ne voulais plus aller aux entraînements à reculons, du coup, je me suis dit, il faut que j’arrête et puis, jusqu’ici, je pense que c’est la bonne décision.
Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de votre carrière?
Les meilleurs souvenirs de ma carrière, sans aucun doute, ce sont les trophées que j’ai gagnés, c’est sûr mais je ne pourrais pas sortir un seul, voire deux, sans vous mentir, j’ai eu de bons moments, je le souhaite à tout le monde, à tous les gamins camerounais, africains et européens même qui veulent être footballeur professionnel, ça vaut le mérite d’être vécu. Je ne saurais vous dire un seul moment mais pour vous répondre à l’instant présent, je vais vous dire que l’un de mes meilleurs moments, c’est quand je quittais le sol camerounais pour la première fois dans un avion pour aller à Villarreal, ça me marque à vie. Je peux vous donner la date, c’était le 5 février 2000. Donc, c’était un moment magique pour moi. Le reste, après, lorsque je suis allé chercher les victoires, les trophées, les émotions et tout çà.
Vous avez remporté plusieurs titres en clubs mais rien avec la sélection camerounaise. Est-ce que vous nourrissez un regret particulier par rapport à cela?
Nourrir un regret parce que je n’ai rien reporté en sélection, c’est vrai, ça me reste en travers de la gorge mais comme je l’ai dit à vos confrères dans les précédentes interviews, sans avoir les chevilles qui enflent, je ne changerais pas ce que j’ai gagné en club pour un titre de champion d’Afrique. Après, je ne vais pas vous mentir que je m’en fous, je ne m’en fous pas. Oui, j’ai un regret de ne pas avoir gagné de trophée avec mon pays mais je suis tout aussi content des neuf années que j’ai passées là bas. Je pense que j’ai quand même ouvert la voie à ceux qui sont venus après en 2017 remporter la CAN, je suis content pour eux…
Qu’avez-vous prévu pour l’après-carrière?
Ce que j’ai prévu dans mon après-carrière, si vous suivez mes réseaux sociaux, je suis en train de faire une formation pour les joueurs retraités avec l’UEFA. Il faut savoir que j’ai envie d’avoir un diplôme, être plus crédible pour ouvrir certaines portes, aider aussi les jeunes de mon pays, de mon continent pour qu’ils puissent embrasser une carrière professionnelle, les accompagner. Donc, je fais de l’accompagnement, du scouting à peu prés… Je travaille avec Rainbow, avec Chedjou Sport Consulting que je viens de créer mais comme je le disais, je prépare mon diplôme, le MIP (Master for International Players, NDLR) avec L’UEFA et je profite des enfants. Voilà mon quotidien, je me balade un peu partout à Douala, je regarde les matchs pour voir les nouveaux talents et puis les accompagner dans leur carrière professionnelle. Voilà, comment j’occupe mes journées.
Quel est le club qui vous aura le plus marqué durant votre carrière?
Je ne pourrais pas vous sortir un club parce que tous les clubs m’ont marqué. Mais si je suis vraiment dans l’obligation de vous sortir un seul club, je dirais Lille parce que je me rappelle, j’étais à Rouen, je galerais, à Auxerre, je galerais pour avoir un contrat professionnel, je suis arrivé à Lille, on m’a ouvert la porte et on m’a demandé de m’exprimer. C’est là où tout a commencé, c’est là où j’ai pris mon envol au niveau professionnel. C’est un club qui restera à jamais gravé dans mon coeur, dans ma vie parce que c’est là où tout a commencé, c’est là où j’ai été homme, où j’ai eu mon premier enfant… J’ai gagné mes premiers trophées là-bas, on m’a donné confiance, on m’a laissé m’exprimer. Et puis, même aujourd’hui, quand j’y vais, les gens me reconnaissent dans la rue en me disant merci pour la joie qu’on a pu leur donner, ça fait plaisir de savoir qu’on a fait un bon boulot dans ce club. Ce club, je ne l’oublie pas. Pour répondre à votre question, je dirais Lille.
Quel est le meilleur coéquipier que vous aurez connu?
Maintenant, en ce qui concerne le meilleur coéquipier, je ne pourrais pas vous donner un seul parce que j’ai connu de grands champions, j’ai connu des mecs qui se battaient sur le terrain pour le maillot qu’ils défendaient… Je peux en citer plusieurs: Didier Drogba, Samuel Eto’o, Geremi Njitap, Alexandre Song, Adebayor, Demba Ba, Gael Clichy, Assou Ekotto, Adil Rami, il y en a plein: Wesley Sneijder, Felipe Melo… J’ai joué avec des grands noms quand même, je ne pourrais pas vous sortir un seul. Sinon, il y a beaucoup de gens à qui j’ai pris un peu chaque fois à mon passage : Tafforeau, Mathieu Bodmer, j’en oublie encore. J’oublie les Gervinho, Éden Hasard, Moussa Sow, Yohan Cabaye, Moussa Sow… Il y a beaucoup de joueurs.
Est-ce que vous avez quelques regrets au moment d’arrêter définitivement?
Des regrets ? Non, ce que j’ai fait était écrit, j’ai donné le meilleur de moi-même, je n’ai jamais triché. Non, je n’ai pas de regret de ne pas avoir été champion d’Afrique, c’est la vie, c’est comme ça. Mon pays l’a été et aujourd’hui, je peux me bomber le torse, je chambre certains coéquipiers africains en leur demandant combien d’étoiles ils ont sur leur maillot. Non, je suis fier d’être camerounais… J’ai donné le meilleur de moi même, c’était écrit comme ça, je crois en Dieu. Ça allait se passer comme ça… Sans avoir la cheville qui enfle, plusieurs aimeraient avoir la carrière que j’ai eue, j’ai donné le meilleur de moi-même, le reste, ce sont les statisticiens qui vont en parler, ce sont les journalistes qui en parleront.
Thanks to @losclive @GalatasaraySK @ibfk2014 @BursasporSk @AmiensSC @AdsKulubu @AJA @FCRouen @LIndomptables ,all my teammates and coaches ,all the fans around the world thanks for the love, I am out. Peace ✌🏽 pic.twitter.com/PtAPa3qE0D
— Aurelien Chedjou (@AurelienChedjou) May 3, 2022