Comment avez-vous vécu le confinement, qu’est-ce qu’il y avait au menu de vos journées et quelle est la stratégie que vous aviez mise en place pour manager votre équipe à distance ?
Le confinement n’est pas bon… Chez moi, il y a des jours où je fais trois-quatre jours sans sortir mais ça ne me pose pas de problème. Mais là, être privé de liberté, c’est quelque chose d’extraordinaire. J’ai eu un sentiment très bizarre en sortant. Quand je suis arrivé à l’entrainement, j’étais vraiment bizarre. J’avais l’impression que je retrouvais un autre monde. C’est curieux, c’est vraiment curieux et pourtant, je n’ai pas fait autant de jours que ça. J’ai fait une semaine mais j’avais l’impression que j’étais à nouveau dans un autre monde. J’ai un très mauvais sentiment et un très mauvais souvenir mais malgré tout, il fallait se meubler et puis, rester toujours en contact avec tous les autres qui étaient en confinement et continuer à manager parce que je reste l’entraineur principal. Les entrainements, on les a faits ensemble. On a la chance d’avoir des moyens modernes, on se parlait en vidéos et parfois au téléphone. C’était l’essentiel. Et puis, il fallait se garder en forme, faire un peu de sport, ce qu’on ne fait pas d’habitude.
Comment entrevoyez-vous le match face au Cameroun ?
On va dire que c’est du 50/50. On a peut-être investi le stade avec notre buteur mais le Cameroun reste le Cameroun, le Cameroun est à la maison avec le stade qui sera plein… On va jouer à l’extérieur, il ne faut pas perdre sa lucidité. On sera face à un adversaire qui sera plus que galvanisé. Donc, à nous de nous sublimer.
Avez-vous eu le temps d’analyser les matches du Cameroun ?
Pendant que j’étais en confinement, j’ai eu le temps de regarder les matches du Cameroun, c’est vrai. On les a bien étudiés, c’est le football moderne, ça fait partie des armes des entraineurs. On doit connaître l’adversaire. Si vous ne le connaissez pas, vous êtes « en faute professionnelle ». On a eu le temps de regarder cette équipe du Cameroun.
Après avoir éliminé le pays organisateur à l’étape des quarts de finale en 2016 au Rwanda, vous espérez que le scénario se reproduise ici au Cameroun ?
Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur. Il y a une histoire qui est là, si elle va se répéter, je ne vais pas dire non, ça c’est clair. Ça rejoint un petit peu la question de votre collègue avant qui énumérait les matches que la RDC n’a jamais gagné depuis un moment face au Cameroun mais toute série a une fin. On espère que la fin, ce sera demain.
Sur les cas covid et soupçons de manipulation des résultats de la RDC
Nous, en interne, on n’a pas la thèse du complot. On est venus ici avec l’idée d’aller le plus loin possible, de jouer le mieux possible et de ne pas se plaindre. Ça, c’est vraiment le discours que je tiens à mes joueurs. Ce n’est pas parce que vous avez un accroc que vous allez chercher les sorciers partout. Nous, on est focus sur le match, et on ne veut pas nier la réalité. On est conscients que la maladie existe, où l’a-t-on attrapée, on en sait rien mais on ne pleure pas. S’il y en a un qui n’est pas là, l’autre va jouer, c’est tout. Nous, on est pas là pour fustiger la médecine et les gens qui le font, on leur fait confiance. La seule chose qu’on sait, c’est qu’on a une sélection qui est très médiatisée parce qu’on est doubles vainqueurs, ce qui se passe chez nous est très vite vu plus que pour d’autres, on amplifie. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on n’est pas les seuls, il y a d’autres sélections qui sont aussi frappées, peut-être moins que nous. On n’est pas dans cette psychose qui va nous distraire pour rien. On est focus sur notre match et on l’a dit, on a maintenant une autre façon de travailler, on ne va pas pleurer parce qu’on manque quelqu’un… Il y a de la qualité dans le groupe et s’il y en a un qui n’est pas là, on va suppléer… On a fait le test hier, si ça sort tout à l’heure qu’on a dix joueurs en moins encore, on jouera sans pleurer.
Match de revanche après la défaite de la RDC face au Cameroun au Rwanda en 2016
Je ne prends par le football en termes de revanche, je suis très content de retrouver Martin, on était dans le même hôtel au Rwanda. On a perdu, il n’y a rien à redire en 2026. Maintenant, on est en 2025. On n’a absolument rien contre le Cameroun. Ça reste du football, pendant 90 minutes, on fera tout le nécessaire pour gagner et avant et après, il n’y a pas de souci, il n’y a pas de sentiment de revanche. On fera un nouveau match avant un nouvel effectif, la seule chose qui ne change pas, ce sont les entraineurs et après, on essaie de faire le meilleur résultat possible. Demain, pendant 90 minutes, voire 120 et les tirs au but, on va être des adversaires acharnés mais là maintenant et après le match, on sera frères tout simplement.
Quelle est la situation de la Covid-19 actuellement dans votre équipe et quelles en sont les conséquences sur le groupe ?
Vous touchez du doigt la nouvelle problématique des entraineurs. Nous étions à 12, il y a deux jours, trois ont été libérés, il y a neuf joueurs indisponibles par rapport à la Covid. Hier, nous avons fait les tests, moi compris qui était négatif il y a deux jours et on n’a pas encore les résultats. On vient de s’entrainer ce matin mais je ne sais pas quelle équipe je vais mettre demain. On est vraiment dans une problématique incroyable, nous les entraineurs. Pour ce grand match, que ce soit moi ou Martin, on ne sait pas les résultats qui vont arriver, quand est-ce qu’ils vont arriver, est-ce que ce sera à 15 heures ? Est-ce que ce sera à 19 heures ? Est-ce que ce sera demain matin, on n’en sait strictement rien… Je viens de travailler les coups de pied arrêtés mais si les tests arrivent et que j’ai cinq joueurs qui sont out par rapport à ce que j’ai travaillé, je fais comment ? On est vraiment dans l’incertitude totale. C’est une façon de manager, une nouvelle façon d’entrainer qui fait que les gens à la tête d’équipes qui ne changent pas, à la tête des équipes de base sont un tout petit peu mouillés. Il faut qu’on travaille avec beaucoup de polyvalence et que les gars entrent sur le terrain avec l’idée que même si tu es avant-centre, tu peux te retrouver arrière gauche pour le bien de l’équipe et là, ça demande des savoir-faire, ce n’est pas en arrivant en équipe nationale qu’on doit changer mais malgré tout, il faut pouvoir le faire. J’ai eu la chance d’emmener des joueurs avec des polyvalences. J’ai privilégié certains joueurs par rapport à ça, ce qui fait que jusqu’à maintenant, on n’a pas trop pleuré mais c’est vrai, ça nuit à la cohésion.
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