L’annonce du décès de Diego Armando Maradona est tombée comme un coup de massue sur la tête de l’ancien lion indomptable Alphonse Tchami. « Je suis triste. C’est un joueur extraordinaire, un des meilleurs de l’histoire du football, qui vient de nous quitter. Soixante ans, c’est jeune… C’est trop tôt. Évidemment, on peut se dire qu’il aurait pu vivre encore longtemps s’il avait fait moins d’excès. Mais il aimait la vie, il aimait la fête. Est-ce que Diego Maradona était fait pour mener une existence tranquille ? Je ne pense pas… » A-t-il regretté dans une interview accordée à nos confrères de Sofoot.com.
Alphonse Tchami est d’autant plus peiné par le départ de l’icône argentine qu’il a eu l’honneur de la côtoyer pendant son passage au club argentin de de Boca Juniors (1995-1997). « Très rapidement, il m’a adopté. On s’entendait bien, sur le terrain et en dehors. Il m’avait présenté à ses parents, sa femme, ses enfants… Bref, toute sa famille. J’étais invité chez son père Jorge, pour l’asado traditionnel. Il connaissait mon petit frère, aussi. Nous avions toujours conservé le contact, même si depuis deux ans, c’était beaucoup plus rare. » Explique le camerounais.
Une proximité entre les deux hommes qui permet à Alphonse Tchami de savoir plein de choses sur la vie de l’ancien joueur de Naples. « Diego aimait la vie, il ne perdait pas une occasion de s’amuser et de faire la fête. Il organisait des soirées chez lui avec les autres joueurs de l’équipe, il était capable de danser toute la nuit. D’ailleurs, il arrivait que les dirigeants demandent qu’on lève le pied sur les soirées avec Diego. C’était un bon vivant, un homme généreux et il aimait nous faire des cadeaux. Un jour, on s’était déplacés aux Pays-Bas. Il adorait les parfums de Jean-Paul Gaultier, qui venait d’en sortir un nouveau. Eh bien, pour être le premier de l’équipe à l’utiliser, il avait racheté deux ou trois fois le prix les bouteilles à tous ceux d’entre nous qui en avaient achetées. Il voulait l’exclusivité ! » Raconte Tchami.
Drogue
Difficile de parler la vie de Diego Armando Maradona sans évoquer la consommation de la drogue qui reste une véritable tâche noire dans sa carrière. Il s’agissait d’un secret de polichinelle aussi bien pour ses coéquipiers que pour le public. Mais visiblement, le numéro 10 argentin se dopait dans la plus grande discrétion. « Quand on faisait des soirées avec lui, je ne l’ai jamais vu prendre de la drogue. Il buvait un verre de whisky, une coupe de champagne, mais ce n’est pas en notre présence qu’il se droguait. Il sortait assez peu, sauf au restaurant. Il ne pouvait pas aller en boîte, car il n’aurait pas été tranquille. Il faisait la fête chez lui ou chez ses amis les plus proches, tout le monde le savait. » Se souvient son ancien coéquipier. « Je me souviens, ajoute-t-il, d’une scène particulière, à la Bombonera. La presse avait révélé une nouvelle histoire de drogue le concernant, et les supporters de Boca, qui sont très chauds et passionnés, n’avaient pas voulu chanter ce jour-là, car ils désapprouvaient les écarts de Diego. À la fin du match, il était allé vers une des tribunes où se regroupent les fans les plus chauds et il avait lancé son maillot pour leur offrir. J’ai vu les mecs lui renvoyer, en lui disant : « Diego, il faut que tu arrêtes tout ça ! » Il avait été marqué par cet épisode… »
Un grand professionnel
Au-delà de ces frasques qui ont rythmé sa carrière et sa stature de star accomplie, le professionnalisme de Dego Maradona n’a jamais fait défaut. « Il avait son contrat, ses avantages, mais il avait négocié avec les dirigeants afin que tous les joueurs touchent les mêmes primes. Il était là aux entraînements, sauf s’il était blessé ou qu’il avait une opération de bienfaisance quelque part. Mais il était professionnel. Il revenait chez lui, à Boca, il ne voulait pas décevoir. Je me souviens de son premier match, à la Bombonera. Il y avait un bruit d’enfer. Même quand on se déplaçait, d’ailleurs, chez des rivaux de Boca, Velez, River Plate, le Racing, Independiente, je sentais que les Argentins respectaient Diego. Ils voulaient le voir, l’approcher, le toucher, avoir son maillot. Cet homme avait une relation très forte avec son pays. » Assure l’ancien buteur camerounais.