Comment est-ce que vous vivez votre nouvelle expérience en Arabie Saoudite ?
Ça se passe bien. J’ai eu quand même quelques appréhensions avant d’aller là-bas, l’Arabie Saoudite c’est un pays que beaucoup de gens ne connaissent pas, moi-même je ne le connaissais pas trop. J’avais quand même de petites appréhensions mais après, quand je suis arrivé là-bas, j’ai vu qu’ils vivent aussi du football là-bas, ils aiment aussi le football, qu’ils ont de bonnes infrastructures, de bons joueurs et que le niveau était bon. Dès que j’ai commencé, ça s’est bien passé, on a enchainé des bons matches, on a fait une très belle première saison et là, on continue à se battre… Je suis très content d’être là et de continuer à travailler.
Est-ce que l’adaptation a été facile quand on sait que vous sortiez de l’Ecosse pour ce pays ?
Au début, ce n’était pas facile à cause de la chaleur, parce que là-bas, comme un peu ici au pays, c’est 35-40 degrés. Au début, les premiers matches étaient assez difficiles, or comme vous avez dit, je venais de l’Ecosse où il fait -5 degrés, où il fait rarement chaud, j’ai quand même eu besoin de temps pour m’adapter mais après, quelques matches, j’ai pu m’adapter au climat et après, tout s’est bien passé.
Quelle est la différence entre le championnat écossais et celui que vous vivez actuellement en Arabie Saoudite ?
En Ecosse, c’est vraiment plus physique et l’intensité aussi est différente, c’est dû aussi à la température parce que si tu es en Ecosse, tu ne vas pas venir jouer comme si tu jouais en Arabie Saoudite, je pense que c’est tout à fait différent. C’est vraiment le physique, l’intensité qui diffèrent et comme je disais, c’est dû à la chaleur. Mais techniquement, en Arabie Saoudite, c’est beaucoup plus fort, les joueurs sont techniquement très bons, c’est vraiment des joueurs de ballon mais en Ecosse, c’est vraiment le physique qui compte.
Votre club, Al Raed est 12ème au classement avec 24 points, ça montre que c’est quand même un peu difficile, qu’est-ce qui peut expliquer cette position ?
C’est vrai que l’année dernière, on a fait une très belle saison parce qu’on a fini cinquième ou sixième au classement, tout s’est très bien passé. Cette année, c’est un peu difficile, je pense que tous les clubs se sont bien renforcés, ils ont amené beaucoup de bons joueurs, que ce soit même le dernier au classement. Tout le monde gagne contre tout le monde. C’est un championnat vraiment très ouvert, le niveau cette année est vraiment beaucoup plus haut que l’année dernière, c’est ce qui explique le fait que ce soit un peu plus serré. Les points entre les équipes, quand on regarde le classement, sont très minimes, c’est ça qui explique un peu la situation.
On a également constaté que votre contrat s’achève à la fin du mois de juin, peut-on avoir rapidement votre prochaine destination ?
Je pense que c’est un peu trop tôt pour en parler, le club veut me prolonger mais je leur ai dit d’attendre un peu parce que je veux quand même prendre le temps de réfléchir de ce je veux faire prochainement, j’ai d’autres possibilités aussi, d’autres options. Je vais parler avec mon entourage, on va essayer d’en discuter et on va prendre la meilleure solution.
Parlons maintenant du stage que vous venez de terminer avec les Lions Indomptables. Avec un bilan d’une défaite et d’un match nul face au Cap-Vert et contre le Rwanda, il y a de quoi être déçu non !
Au niveau des résultats, nous sommes tous déçus parce qu’un pays comme le Cameroun doit gagner tous ses matches. On a voulu gagner tous ces matches mais bon, lors du premier match, les conditions n’étaient pas faciles : jouer un match là-bas avec le vent et le synthétique, ça ne nous a pas aidés. Je pense que ce stage a plutôt servi à voir d’autres joueurs aussi. Je pense que le coach a pris beaucoup de joueurs pour les tester aussi, pour voir un peu les options. Je pense qu’il veut élargir le groupe pour avoir plusieurs possibilités parce que comme on le voit par exemple avec André Onana ou Oyongo Bitolo, il y a des blessures, il y a d’autres choses qui peuvent se passer, il faut avoir des gens sur qui on peut compter. On va dire que les automatismes n’étaient pas là. Pour moi, c’était un stage test et quand on a des stages tests, ce genre de résultats peut arriver. Je suis sûr de moi que la prochaine fois, les résultats et aussi le niveau de jeu seront différents.
Face au Cap-Vert, le Cameroun a connu son unique défaite dans cette campagne des éliminatoires de la CAN Total 2021. On a beaucoup parlé des conditions météorologiques qui n’étaient pas favorables à votre équipe. Pensez-vous comme beaucoup d’autres que cela a largement contribué à votre revers ?
Je suis à 100% sûr parce qu’ils étaient plus habitués à ces conditions que nous. Ils jouaient à la maison, ils ont l’habitude d’évoluer sous ces conditions, et on a même vu sur la manière dont ils dégageaient le ballon, ils savaient que s’ils dégagent à gauche, le ballon ira à droite, ils connaissaient ce qu’ils faisaient. Donc, ça a joué beaucoup. Nous, on est le Cameroun, on est une équipe qui aime jouer au sol, qui aime faire tourner le ballon, là, on voyait un match où le ballon tournait en l’air. Ce n’est pas le genre de match qu’on a l’habitude de jouer. Pour moi, s’il n’y avait pas ces conditions-là, ça aurait été un autre match. Je mets cette défaite sur le compte des conditions et comme je l’ai dit aussi, on a beaucoup tourné, ça reste un stage un peu test, tout ça fait en sorte que c’était un stage difficile. Mais comme je l’ai dit, le prochain stage sera différent.
En conférence de presse d’avant et d’après match, le coach a beaucoup insisté sur le fait qu’il était beaucoup plus question de roter et d’observer les joueurs et qu’il avait déjà un noyau de 14-15 sur lesquels il compte déjà s’appuyer. En ce qui vous concerne personnellement, pensez-vous au regard de ce que vous avez produit jusque-là qu’il n’y a aucun souci à se faire ?
Oui, j’ai toujours donné le maximum de moi-même… Je sais ce que c’est de porter le vert-rouge-jaune. Quand je joue pour le Cameroun, je donne toujours à 100%. Après, parfois, ça se passe bien, parfois, ça ne se passe moins bien, il y a des choses qu’on ne contrôle pas. Pour moi personnellement, je n’ai pas de regret, j’ai donné à 100% et comme vous l’avez dit, le coach a beaucoup changé et nous a expliqué à tous que chacun aura son temps de jeu et c’est ce qu’il a fait. Pour moi, il n’y a pas de problème.
Parlant de Conceiçao, avant lui, vous avez connu Hugo Broos, puis Clarence Seedorf. Qu’est-ce que Conceiçao a de différent ? Dans des discussions avec certains joueurs, beaucoup semblent apprécier ses méthodes. Est-ce le cas pour vous également ?
Oui, bien sûr ! J’apprécie beaucoup ses méthodes. C’est quelqu’un qui donne beaucoup de liberté dans le jeu, de nous faire plaisir, de montrer ce qu’on sait faire, il ne nous frustre pas, ne nous dit pas que tu es obligé de faire ci ou ça. Il nous donne quand même cette liberté de jouer et en tant que joueur, c’est quelque chose qu’on apprécie. Il a aussi cette rigueur de faire en sorte qu’on ait une bonne attitude, qu’on soit soudés… Je pense qu’il met vraiment l’accent sur ça, il nous laisse gérer. Cette liberté là, ça nous aide et on a envie de bien faire, de bien travailler et de faire de meilleurs résultats possibles.
La prochaine étape, ce sont les éliminatoires de la Coupe du Monde, vous êtes dans le même groupe que la Côte d’Ivoire. Ça sera difficile cette qualification pour le Mondial !
Bien sûr ! Toutes les qualifications pour la Coupe du Monde sont difficiles, il n’y a pas de groupe facile. La dernière fois, on était avec le Nigéria, c’était aussi difficile. On sait que pour aller en Coupe du Monde, on est obligés de battre les grosses équipes parce que même si on termine premier, on a aussi un match de barrage contre un autre grand pays… Il faudra qu’on se prépare de la meilleure des manières, qu’on donne tout et qu’on essaie de gagner nos matches parce qu’on n’a pas droit à l’erreur. C’est un rêve de pouvoir jouer une Coupe du Monde, je pense qu’on va faire le maximum pour pouvoir atteindre les objectifs.
Aujourd’hui, vous avez 31 ans et bientôt 32, vous êtes en sélection depuis 2016, un an après votre arrivée, vous avez été champion d’Afrique. La prochaine compétition, c’est au Cameroun comme vous le savez. Puisqu’à 32 ans, on est pratiquement au soir de sa carrière internationale, est-ce que vous vous dites intérieurement que l’idéal serait de terminer par cette Coupe d’Afrique là à la maison ?
En tant que compétiteur, non ! Je pense qu’on a toujours envie de repousser les limites, de faire ce que les autres ont fait. C’est vrai qu’en général, ça se passe comme ça. Moi, dans ma vie et dans ma carrière, je me dis que je suis un peu une anomalie. Je suis toujours là où on ne m’attend pas… Je veux continuer jusqu’à plus tard possible, si on m’appelle même quand j’ai 32-34 ans, je serai toujours là, si je pense que je peux donner et apporter ce que je pourrai apporter, je serai présent malgré mon âge. Je ne me dis pas que ce sera fini après la CAN. J’ai envie de jouer cette CAN, je veux donner le maximum et après, je vais continuer. Donc, je vais apporter ce que je peux apporter et apporter mes qualités, qu’elles soient individuelles ou collectives.
En guise de mot de fin, dites-nous quelles sont vos ambitions à la fois, à court, à moyen et à long terme, que ce soit en club ou en sélection ?
En club, c’est de pouvoir jouer encore de nombreuses années. Je me sens bien physiquement et j’ai cette expérience, cette maturité dans ma vie et dans mon jeu. Donc, c’est continuer d’enchainer des saisons sans blessure, sans bobos. Au niveau international, l’objectif, c’est de gagner encore une CAN, ressentir encore la joie que j’ai eue en 2017. Ce n’est pas parce que j’ai gagné une CAN que je ne veux plus gagner, j’en veux encore. Aussi, c’est de pouvoir participer à une Coupe du Monde, c’est le rêve ultime. Tout ça, ce sont mes objectifs, ce n’est pas facile mais on va se battre pour en réaliser le maximum.
Merci
C’est moi qui vous remercie !