Depuis mardi soir, la sélection des Lions indomptables du Cameroun a été dotée d’un nouveau staff technique, administratif et médical chapeauté par le belge Marc Brys (61 ans). Problème, ces nominations intervenues 34 jours après le non renouvellement du contrat du staff de Rigobert Song n’a pas l’assentiment de la Fédération camerounaise de football qui dénonce sa mise à l’écart du processus ayant conduit à la mise en place de cette nouvelle équipe.
Dans une correspondance adressée au Ministre des Sports et de l’Education Physique, le mercredi 3 avril 2024 (le lendemain de ces nominations), Samuel Eto’o, le patron du football camerounais a clairement manifesté son intention de ne pas reconnaître ces nouveaux responsables installés à la tête de l’équipe cinq fois championne d’Afrique. Il estime que c’est à son institution que revient cette prérogative, conformément aux termes du décret No 2014/384 du 26 juillet 2014, portant organisation et fonctionnement des sélections nationales de football qui, dans son article 3(1) confie la gestion administrative, sportive et technique des sélections nationales de football à la Fecafoot.
” N’ayant été associés ni de près ni de loin au processus de présélection des candidatures aux postes à pourvoir, nous référant aux dispositions du décret précédemment mentionné et au Règlement du Statut et du transfert des joueurs FIFA, la Fédération camerounaise de football ne s’est pas joint au processus de recrutement des personnels nommés au sein de l’encadrement technique, administratif et médical de nos sélections nationales, la fédération ne saurait reconnaître ces nominations effectuées en-dehors de tout cadre légal et règlementaire“, note l’ancien barcelonais. Il poursuit: “Dans l’absolu, la Fecafoot ne saurait être partie prenante de cet acte dénué de tout fondement légal et ne saurait transiger avec les règlements supra nationaux et, encore moins, avec les dispositions légales et règlementaires en vigueur dans notre pays“.
La réaction du professeur Narcisse Mouelle Kombi ne s’est pas faite attendre. Dans sa réponse volubile adressée au président de la Fédération camerounaise de football, le vendredi 5 avril 2024, le patron des Sports a convoqué plusieurs éléments de loi pour donner un fondement légal à ces nominations mal digérées par la Fecafoot. Notamment l’article 9 de la convention MINSEP-FECAFOOT du 5 février 2015 donnant la pleine et entière latitude à l’Etat de recruter et de mettre des encadreurs à la disposition de ses sélections nationales de football. “Ce mécanisme de mise à disposition, a dans un passé récent, permis le recrutement et la désignation à titre d’exemple des staffs conduits respectivement par MM. Clarence SEEDORF, Antonio Conceiçao et Rigobert Song, pour ne citer que ces cas, sans que cela ait suscité la moindre polémique ou tentative d’obstruction de la part de la FECAFOOT“, assure le Minsep.
Discours du Chef de l’Etat
Le Pr Mouelle Kombi rappelle à Samuel Eto’o que sa décision s’inscrit dans le sillage des termes du discours du Chef de l’Etat à la jeunesse le 10 février 2024, dans lequel il prescrivait au Gouvernement et général et au Ministère des Sports en particulier, “la mise en oeuvre urgente d’un certain nombre de mesures correctives adéquates… au regard des résultats relativement médiocres enregistrés par les Lions indomptables depuis le premier trimestre 2022 et plus particulièrement avec la débâcle de notre équipe nationale à la phase finale de la CAN “Côte d’Ivoire 2023“”. Une manière de rappeler à Samuel Eto’o que son attitude court le risque d’être considérée comme une défiance vis-a-vis du premier sportif camerounais.
Le Ministre des Sports et d”Education Physique profite de sa sortie pour révéler à l’opinion que contrairement aux déclarations contenues dans la correspondance de Samuel Eto’o, la Fecafoot a bel et bien été partie prenante au processus de recrutement. Seulement, les trois candidatures soumises par l’instance faitière du football camerounais “présentaient chacune des prétentions salariales exorbitantes, variant d’environ 1 milliard (1.500.000 euros) à 1,6 milliards (2.500.000 euros) de rémunération (hors primes diverses) par an, soit respectivement, en moyenne de 82 000 000 à 132 000 000 par mois“. “Ce qui représente, poursuit le professeur agrégé de Droit, des montants excessifs jamais payés à un quelconque entraineur dans l’histoire des Lions indomptables. De plus, l’exigence formulée par vous relative à la mise à disposition des moyens financiers et logistiques deux semaines avant la prise de fonction éventuelle des candidats présentés par la FECAFOOT, rendait difficilement soutenables et rédhibitoires pour ne pas dire dissuasives leurs prétentions salariales au vu de fortes contraintes budgétaires actuelles de l’Etat”
La décision de Narcisse Mouelle Kombi d’intégrer ces détails est loin d’être fortuite. Une manière “d’afficher” un Eto’o “boulimique” qui n’aurait aucune pitié pour les caisses de l’Etat déjà en grande souffrance.