Sur le bilan du stage
Si on veut faire un bilan dans sa globalité, je dirais qu’il est négatif. Maintenant, lorsqu’on fait un bilan beaucoup plus détaillé, il n’y a pas que du négatif, il y a aussi eu de points positifs. Mais il y a eu plus de points négatifs que de points positifs. En mathématiques, quand tu fais -++, ça vous donne-. Je dis une chose : supposons. Si vous faite -5 + 2, ça vous fait-3.
Parlant des points négatifs, déjà, le lieu du stage a posé problème parce que la longueur du voyage (13 heures de vol sans correspondance, le décalage horaire, ainsi de suite, a fait que les joueurs ne soient pas frais physiquement lors du match face à l’Ouzbékistan, il a fallu récupérer pour produire quelque chose d’assez potable contre la Corée du sud. Le jeu en lui-même, en termes de contenu, n’était pas trop ça. Nous sommes passés à côté face à l’Ouzbékistan, on a essayé de mieux nous comporter face à la Corée. On n’a pas eu les séances d’entrainement nécessaire pour préparer les automatismes. On a aussi constaté qu’il y avait un souci lié à la fraicheur physique, les joueurs étaient un peu émoussés, ils n’avaient pas réellement le temps de pouvoir récupérer et contre la Corée du Sud, on a noté beaucoup de changements en termes de contenus, même si on a perdu.
Sur le contenu des matches
Parlant des rencontres, sur le plan des statistiques, on a, en deux matches joués, trois buts encaissés, 0 but marqué. En termes de contenus, il n’y a pas eu une rencontre où tu as eu la possession. Même au niveau des coups de pied, le Cameroun était absent. On se demande bien comment les choses se faisaient, on n’a pas été inquiétants au niveau des coups de pied. Oui, lors d’un match amical, le plus important, ce n’est pas la victoire, le plus important, c’est le contenu et c’est sur la base du contenu qu’on fait une projection parce que généralement, tu mets de nouveaux joueurs et tu essaies de créer des automatismes. Mais toutes les stratégies de jeu que tu mets sur pied : animation offensive, animation défensive concourent à inscrire un ou des buts. Si dans toutes les animations que tu as mises sur pied, tu n’as pas pu marquer de but et que tu en as encaissé trois, ça veut dire qu’en termes de contenus, la finalité n’était pas bonne. Ça aussi, c’est un point négatif. Après, contre l’Ouzbékistan, on était moins présent, on est passé à côté, on peut évoquer les raisons qu’on a pu évoquer : le onze expérimental, le 3-4-3… mais contre la Corée, tu reviens dans un 4-3-3, tu es nettement mieux en termes de production dans le jeu. En deuxième mi-temps, tu t’installes carrément au milieu de terrain, tu gagnes la bataille du milieu de terrain parce que tu fais rentrer Ntcham, après, tu ne marques pas. Donc, la finalité ici, dans toute l’animation que tu as faite ne t’a pas amené à marquer. En Coupe du Monde, tu vas chercher trois points, pour avoir trois points, tu marques. Je ne dis pas que c’est l’essentiel de marquer mais il faut marquer lors des matches amicaux, le plus important, ce n’est pas de marquer, mais c’est de travailler comment on part de derrière au milieu, en attaque. Mais dans les phases de transition, le Cameroun n’a pas été convainquant. Au niveau de la vitesse, phases de transition, on n’a pas été présent, on n’a pas réellement inquiété la Corée du Sud alors qu’on avait la domination, domination Je dirais stérile. On a gardé le ballon mais on n’a pas été inquiétant, on a été dangereux. Pour les contenus, on s’inquiète.
Sur la composition des effectifs
Sur le choix des joueurs, le staff n’a pas convoqué Ngadeu, Zambo ; Choupo revient de blessure, Toko blessé. Tu veux voir les nouveaux joueurs qui sont là, tu rappelles Nkoulou et Mandjeck. Mandjeck, il est off, il passe carrément à côté du match face à l’Ouzbékistan, il sort, tu ne le remets plus. Et puis, tu as Nkoulou qui, nous le savons tous, a un souci au niveau de la fraicheur physique parce qu’il ne joue pas beaucoup. Physiquement, il n’est pas à son meilleur niveau. Techniquement, tactiquement, intelligence de jeu et expérience, il peut beaucoup nous apporter mais son manque de temps de jeu dilue un peu ces qualités. Ce n’était pas bon, ce n’était pas du Nkoulou que nous avons connu. Tu rappelles un ancien joueur qui est parti, il y a cinq ans, ce n’est pas pour qu’il vient produire ce qu’on a vu là. C’est pour qu’il vienne être au-dessus des autres. S’il vient être là et qu’il ne soit pas très différent des autres, ce n’est pas appréciable quand même.
Et puis, tu as Aboubakar Vincent que tu as connu en 2010 en tant que joueur, en 2014, tu étais Team Manager et actuellement, tu es l’entraineur. Vincent, tu le connais depuis 2010, ça fait 12 ans que tu connais Vincent, tu ne l’alignes plus ! Ou alors, tu l’alignes, après, il sort à la 45ème minute parce que tu as Nsame que tu veux voir jouer, tu as Tawamba que tu veux voir jouer. Tu les lances à 25 minutes, c’est différent, le temps de jeu n’est pas le même, ce n’est pas des joueurs qui peuvent te changer le cours du match en peu de temps, en plus, c’est des joueurs qui sont titulaires en clubs. Quand tu les lances à 20-25 minutes, ce n’est pas la même chose si tu leur donne 45 minutes. Début deuxième mi-temps, tu les lances parce que Vincent, tu le connais assez. A un moment, tu n’es pas cohérent. Si les autres, tu les laisses, Vincent aussi, tu le laisses si tu veux rester cohérent. Et puis, tu as Nouhou et Fai que tu connais, tu as Enzo Ebosse qui a fait un bon match face à l’Ouzbékistan, que tu peux faire jouer au poste d’arrière-latéral, Yangoua qui est sur le banc, tu peux aussi l’aligner. Au moins, si tu perds, tu sais que tu as perdu en alignant de nouveaux joueurs que tu as pu faire jouer parce que les anciens, tu les connais déjà, puisque toi-même, tu l’as dit. Tu perds et avec les anciens et qui ne sont pas bons. Après, comment tu fais pour découvrir réellement ces nouveaux ? Ça ce sont des points négatifs qu’il y a à observer… Enzo Ebosse, tu le mets arrière-latéral à défaut de le faire jouer en défense centrale lorsque tu as joué avec une défense à trois.
Sur les entrées de Nsame et Tawamba
Ce n’est pas parce que je dis qu’on aurait pu lancer Nsame et Tawamba plus tôt que cela peut justifier leur mauvaise prestation, notamment Tawamba. Si tu as une action comme celle qu’il a eue et tu ne la concrétises pas en Coupe du Monde, tu ne marques forcément pas des points dans une équipe où tu ne pars pas déjà dans une posture de titulaire. L’occasion que Tawamba qui marque pourtant des buts en club manque, forcément, ça lui enlève des points. Nsame aussi, quand tu rentres en deuxième mi-temps, ta place, tu l’arraches. Les deux, malgré le fait qu’on aurait pu les faire rentrer plus tôt, leurs prestations ne sont pas bonnes et ça ne les aide pas. C’est vrai aussi que tu as Nsame et Moumi qui ont joué ensemble pendant quatre ans, l’entraineur peut les aligner pour essayer de voir ce que ça peut apporter. Mais là, tu décides de ne pas les aligner pendant longtemps. Ça aussi, c’est une erreur. Tu les alignes plus tôt et ils peuvent te créer quelque chose parce qu’en termes d’automatismes, ils savent déjà ce qu’ils ont à faire.
Les points positifs du stage
Au niveau des choses positives maintenant, déjà, c’est vrai que le système de jeu et l’animation sont étroitement liés mais le système de jeu est là déjà. Parce que tu te loupes contre l’Ouzbékistan en mettant sur pied un système expérimental alors que tu ne l’as travaillé que pendant une heure de temps avec de nouveaux joueurs, après, tu reviens avec un 4-3-3 et tu te rends compte que les joueurs que tu as, adhèrent quand même à ce système de jeu mais il faut encore créer certaines choses. Moi, je crois que le système de jeu 4-3-3, déjà, ça passe. On a eu plus d’occasions de but, on a été plus présent, on était plus convaincant, il y a une nette amélioration dans le 4-3-3 contre la Corée du Sud qui est un adversaire plus fort normalement, parce que qualifié déjà pour la Coupe du Monde et mieux classé dans le ranking FIFA Coca-cola que l’Ouzbékistan et le Cameroun aussi.
Pour les joueurs, Bryan Mbeumo a donné satisfaction, il a montré beaucoup d’envie, beaucoup de détermination. Il s’est créé des occasions de but, il a pu tirer dans les goals, il est puissant, il est rapide. Maintenant, c’est vrai que défensivement, il a été beaucoup présent aussi parce que l’adversaire nous obligeait à beaucoup replier. Mais dans la globalité, je dirais que c’est le meilleur joueur du tournoi pour le Cameroun. Après, tu as Olivier Ntcham. Titulaire contre l’Ouzbékistan, il fait une bonne rencontre, il rentre en deuxième mi-temps, 45 minutes contre la Corée du Sud, il essaie d’aérer le milieu de terrain, il arrive là comme la lumière, il donne beaucoup plus d’orientations au jeu et ça nous permet de dominer la Corée du Sud même si après, on n’a pas marqué. Mais au moins là, c’est un garçon qui peut garder le ballon au pied, il peut faire une passe, il a un très bon volume de jeu aussi, ça c’est positif. Enzo Ebosse, bon match face à l’Ouzbékistan, malheureusement, il n’est pas aligné contre la Corée, on aurait aimé le voir à un autre poste cette fois-ci contre le Corée du Sud pour essayer de créer la concurrence chez Nouhou Tolo. Voilà des satisfactions, tout n’est pas noir, tout n’est pas négatif, on ne doit pas tout peindre en noir ici… Il y a eu des satisfactions, il y a eu la deuxième mi-temps du match face à la Corée qui était bonne malheureusement, on n’a pas marqué. C’était bien, il faut continuer avec ce type d’animation, on a vu des joueurs monter, on a vu des joueurs avoir un apport sur le plan offensif, c’est intéressant quand même à ce niveau.
Projection sur la Coupe du Monde
Je pense que nous sommes dans une zone d’incertitude après les deux matches amicaux disputés. Mais vous savez, il ne faudrait pas s’alarmer, il ne faudrait pas dire facilement comme ça que le Cameroun ne fera pas un bon Mondial. C’était des rencontres au cours desquelles, il y a des nouveaux joueurs qui sont arrivés, on a essayé de les observer, on va voir ce qu’ils peuvent nous apporter. Je crois qu’après cela, l’entraineur doit faire une synthèse et pouvoir dégager un onze entrant. N’oublions pas aussi qu’il y a des joueurs qui étaient absents : Zambo va revenir, Toko va revenir, Choupo va revenir, Ngadeu, si on s’en tient à ce qu’a dit l’entraineur parce que cette équipe a aussi un problème, c’est qu’il y a des joueurs qui ne jouent pas. Or, ceux qui j’ai cités tantôt, jouent. Le manque de temps de jeu en club, a aussi eu un impact sur la prestation des Lions. Donc, avec ces nouveaux joueurs qui vont revenir et avec ceux qui sont déjà observés, il va pouvoir dégager un onze entrant et nous aligner la meilleure équipe possible. Pas les joueurs bons individuellement mais les joueurs qui, ensemble, pourront créer un équilibre qui nous amèneront à pouvoir gagner.
Je suis inquiet mais je dis, ce n’est pas la fin parce qu’on peut faire une mauvaise préparation car au cours de celle-ci, on recherchait quelque chose. Et ayant fait une mauvaise préparation, on a quand même trouvé ce qu’on recherchait et puis, faire de très bonnes analyses, ré visionner les rencontres et tirer des leçons, mieux préparer son Mondial en travaillant le côté psychologique, en mettant un peu plus d’ardeur sur les automatismes parce que comme je l’ai dit : il y a Mbeumo, Ntcham qui ont été satisfaisants. Autour d’eux, on va mettre ceux qu’il faudrait mettre, en espérant que les problèmes que nous avions eus en 2010 et en 2014 ne reviendront plus avec le nouvel exécutif fédéral qui est là.
Les atouts du staff
La chance que nous avons avec ce nouveau staff, c’est que nous avons un ancien lion qui est présent, qui a joué plusieurs Coupes du Monde. Rigobert Song, Raymond Kalla, Souleymanou… tout ce mélange-là, ils ont les ingrédients qu’il faut pour nous aider à préparer une Coupe du Monde et nous aider à sortir du premier tour pour le moment parce que c’est le premier objectif qu’il faudrait d’abord se fixer. Nous sommes inquiets, c’est vrai mais ne soyons pas alarmistes, restons quelque part confiant et disons-nous qu’il y aura des réglages parce que comme je l’ai dit tantôt, on peut faire une mauvaise préparation mais après la préparation, si on peut tirer une bonne leçon, si on a été objectifs, je crois qu’on peut faire une bonne Coupe du Monde. On peut faire une mauvaise préparation et faire un bon Mondial comme dans le sens inverse aussi. Ça donne des signaux, mais ça ne définit rien sur 100%. Il faut surtout rester objectif et savoir trancher sans humeur…