Après le refus de la Fédération camerounaise de football d’accorder la licence CAF à Bamboutos de Mbouda pour participer à la Coupe de la Confédération, Coton Sport de Garoua restait l’unique représentant du Cameroun sur la scène continentale. Engagé en Ligue des Champions, le champion du Cameroun en titre incarnait donc l’unique espoir de tout un pays. Hier après-midi, toutes ces espérances ont volé en éclats. Opposés au Stade Roumde Adjia de Garoua à l’AS Real Bamako, en match retour du premier tour préliminaire, Patient Wassou et ses coéquipiers ont été sèchement battus (0-2), alors même qu’ils avaient réussi l’exploit d’arracher un nul vierge à l’aller, malgré un penalty concédé en cours de jeu.
L’élimination de Coton Sport est une grosse déception, voire une catastrophe pour le football camerounais toujours en quête d’un meilleur indice CAF. C’est la preuve s’il en était encore besoin, de la décrépitude progressive de notre football local qui réclame toujours un souffle meilleur dans sa gestion. Coton sport, cependant ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. C’est son amateurisme et son manque de vision, au finish, qui paient cash, tant le club aura multiplié les incohérences dans sa préparation.
Limogeage du staff technique
Vainqueur des Play-offs au mois de mai à Douala, synonyme d’un 18ème titre de champion du Cameroun, Coton Sport de Garoua bouclait en beauté une saison éprouvante. Eliminé en phase de groupe de la Ligue des Champions de la CAF après six défaites en autant de sorties, le club était également mal embarqué en championnat où les résultats frôlaient également la catastrophe. La direction du club prenait alors la décision courageuse de limoger son staff technique visiblement à bout de souffle et en manque d’inspiration. C’est ainsi que Jean Baptiste Bisseck prenait la place de Haman Gabriel en tant qu’entraineur principal. L’ancien patron du banc d’Eding Sport de la Lekie réussissait à insuffler le discours et l’énergie nouveaux qui permettaient à ses joueurs de se remettre dans le sens de la marche et de se qualifier in extremis pour la phase décisive du championnat. La prestation du club de la rive gauche de la Benoue lors des play-offs disputés dans la capitale économique du Cameroun a révélé une équipe complètement transformée aussi bien dans le jeu qu’au niveau de l’état d’esprit. Malgré l’opposition des adversaires aussi aguerris que Bamboutos de Mbouda, le Canon de Yaoundé et Gazelle FA de Garoua, tous auteurs d’une remarquable saison, l’équipe de Fernand Sadou a réussi à se hisser sur la première marche du podium.
Le travail de fourmis effectué en si peu de temps par Jean-Baptiste Bisseck et ses collaborateurs a été salué aussi bien par les supporters de Coton Sport de Garoua que par l’ensemble des observateurs du football camerounais. La décision de débarquer tout l’ensemble de ce staff à l’orée de la nouvelle saison, a laissé tout le monde perplexe alors qu’elle venait casser la bonne dynamique qui s’était finalement installée. Sans doute influencé par un complexe difficile à justifier, la direction de Coton Sport a choisi de s’attacher les services d’un “sorcier blanc”, en recrutant le français Daniel Breard, 65 ans, en provenance du Club Industriel de Kamsar en Guinée et dont le CV et les états de service ne flattent pas tant que ça. En attendant son arrivée qui a été retardée de plusieurs semaines pour des formalités administratives, Christopher Oussoumanou, nommé entraineur adjoint, a dû se démerder. Mais en football, il est de plus en plus difficile de compter sur la providence divine.
Une équipe sans âme
Après le titre de champion obtenu de haute lutte à l’issue des play-offs, Coton Sport n’a pas misé sur la stabilité. Le club a laissé partir plusieurs jeunes prometteurs, à l’instar de Kaba Djawal (20 ans, SCR Altach Bundesliga), Che Malone (24 ans, Simba SC Tanzanie), Felix Oukine (23 ans, Al-Khor SC Qatar), Siddik Aboubakar (18 ans, AJ Auxerre B, France), Houzaifi, Ramses Donfack, Koloko Reich, Philippe Banen, Baho Enock. Du côté des arrivées, les choix ont été tout aussi surprenants. Si les joueurs ciblés sont pour la plupart des noms ronflants du championnat (Dooh Moukoko, Ako Assomo, Wende lako, Alain Nyobe, Zacharie Ndongo, Benjamin Bieleu, Richard Njoh Edimo…), ils n’offrent en revanche aucune garantie d’homogénéité, de cohésion et encore moins de stabilité. Ces nouvelles recrues derrière lesquelles, l’on peine à déceler un projet cohérent, s’apparentent davantage à des mercenaires à qui l’on a décidé de faire un dernier pont d’or.
Depuis plusieurs saisons, Coton Sport s’illustre par son incapacité à bâtir un effectif solide sur la durée comme la plupart des clubs de référence sur le continent. Une instabilité chronique dont les conséquences s’enchainent au fil des saisons sur la scène continentale.